Nord-Kivu : Arrestation massive de civils à Sake par les rebelles du M23, une situation qui inquiète les organisations des droits de l’homme

Des centaines de civils ont été arrêtés dans la cité de Sake, territoire de Masisi, ce mercredi 04 juin, lors d’une opération de « bouclage » menée par les forces rebelles de l’AFC-M23. Cette intervention qualifiée de mesure sécuritaire par le mouvement rebelle soulève de nombreuses préoccupations quant au respect des droits humains et à la légalité des actions entreprises.

L’opération, qui a ciblé plusieurs quartiers dont Bikali, Virunga, Ndoolero et Kimoka Brazza, a conduit à l’arrestation de plus de 100 personnes pour des contrôles d’identité. Si la majorité a été relâchée dans les heures qui ont suivi, 15 civils ont été transférés de force à Goma. Ces derniers sont soupçonnés d’appartenir soit aux FARDC (Forces armées de la RDC) soit aux Wazalendo, et seraient actuellement détenus par l’Armée Révolutionnaire Congolaise (ARC), la branche armée du M23.

Selon plusieurs organisations locales de défense des droits humains, ces arrestations se sont déroulées en dehors de tout cadre légal, sans mandat judiciaire ni accès à un avocat. « Transférer des citoyens congolais vers une autre ville sans procédure judiciaire claire, et par une entité armée non reconnue par l’État, constitue une violation grave du droit international humanitaire », alerte un défenseur des droits basé à Goma.

Des témoins affirment que les détenus ont été conduits dans des conditions préoccupantes, certains menottés, d’autres bâillonnés, alimentant la crainte de mauvais traitements, voire de tortures.

Dans la foulée de cette opération, le colonel Djimy, représentant du M23, a tenu un meeting public à Sake. Il y a ordonné la fermeture immédiate des cabanes jugées « illégales », tout en appelant la population à collaborer avec les rebelles en dénonçant toute personne soupçonnée de détenir une arme ou d’avoir des liens avec des groupes armés.

Ce nouvel épisode dans une zone déjà sous tension intervient dans un contexte où le contrôle de Sake est vivement contesté entre les autorités congolaises et les forces rebelles. L’opération renforce les inquiétudes quant à la protection des civils, la souveraineté de l’État congolais et l’aggravation du climat d’insécurité dans le Nord-Kivu.

Les autorités nationales n’ont pour l’instant émis aucun commentaire officiel sur cette opération. De leur côté, des ONG appellent à une enquête indépendante et à la libération immédiate des personnes arrêtées illégalement.

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