La Haute Cour militaire de la République démocratique du Congo rendra son verdict le vendredi 12 septembre prochain dans le procès historique opposant le parquet général à l’ancien président de la République, Joseph Kabila Kabange. L’annonce émane de l’extrait de rôle publié par le greffe de cette juridiction, confirmant ainsi une échéance décisive pour l’avenir judiciaire et politique de celui qui a dirigé le pays pendant 18 ans.
Sénateur à vie en vertu de la Constitution, Joseph Kabila bénéficie d’un statut spécial qui ne l’a pas mis à l’abri d’un réquisitoire d’une extrême sévérité. Lors des dernières audiences, l’auditeur général des Forces armées, le lieutenant-général magistrat Lucien René Likulia, a requis la peine capitale contre l’ancien chef de l’État. Une demande qui a suscité à la fois stupeur et vives réactions dans la classe politique congolaise et au sein de la communauté internationale.
Les accusations retenues contre Joseph Kabila sont lourdes et touchent aux fondements mêmes de la sécurité nationale : participation à un mouvement insurrectionnel, crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité, homicide intentionnel par balles, trahison, apologie, viol, torture, ainsi que l’occupation par la force de la ville stratégique de Goma. Des charges qui, si elles étaient retenues par la Haute Cour, pourraient marquer un tournant sans précédent dans l’histoire politique et judiciaire du pays.
Ce procès, inédit dans son ampleur, divise profondément l’opinion publique. Pour certains, il constitue une avancée majeure dans la lutte contre l’impunité et la consécration de l’égalité de tous devant la loi, y compris les anciens chefs d’État. Pour d’autres, il s’agit d’une instrumentalisation de la justice à des fins politiques, qui pourrait fragiliser davantage un climat déjà marqué par les tensions sécuritaires à l’Est et les rivalités entre camps politiques à Kinshasa.
À l’approche du verdict, la capitale congolaise vit dans l’expectative. Des mesures de sécurité exceptionnelles pourraient être annoncées autour du siège de la Haute Cour militaire afin de prévenir tout débordement. Les chancelleries occidentales, tout comme les organisations régionales, suivent de près cette affaire aux implications diplomatiques considérables.
Le 12 septembre pourrait donc marquer une date charnière : celle d’un jugement qui fera école ou, au contraire, d’une décision controversée aux lourdes conséquences politiques. Dans tous les cas, le procès de Joseph Kabila restera gravé dans l’histoire récente de la RDC comme l’un des plus sensibles et des plus scrutés par le monde entier.