L’Est de la République démocratique du Congo reste l’un des environnements les plus dangereux pour exercer le métier de journaliste. La dernière attaque en date vise le domicile de Blaise Irenge, correspondant de l’Agence Congolaise de Presse (ACP), dans la ville de Goma, et relance le débat sur la sécurité des professionnels des médias.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, des hommes armés, habillés en civil, ont fait irruption au domicile du journaliste, situé dans un quartier périphérique de Goma. L’assaut s’est produit aux alentours de deux heures du matin. L’occupant de la maison – un cousin de Blaise Irenge chargé de la surveillance des lieux – a été grièvement blessé à la cuisse droite par balle après avoir été violemment pris à partie.
Selon plusieurs témoins, les assaillants, tout en fouillant chaque pièce, répétaient : « Où est Blaise le journaliste ? ». Le journaliste, absent depuis cinq mois à cause de menaces persistantes, avait quitté la ville par crainte pour sa sécurité.
La victime blessée a été rapidement transférée dans un centre médical, où elle se trouve dans un état stable.
Cet acte survient à peine une semaine après l’assassinat, à Bukavu, d’un autre journaliste, un crime resté sans suite judiciaire malgré les appels pressants de l’ONG Journaliste en Danger (JED).
Pour Blaise Irenge, la situation est alarmante :« Ça fait vraiment très mal de voir qu’aujourd’hui, la vie d’un journaliste est devenue comme la vie d’une chèvre. »
Les organisations de défense de la presse y voient un signal inquiétant : l’impunité persistante nourrit la peur et réduit la liberté d’expression dans une région déjà fragilisée par le conflit avec les rebelles du M23 et d’autres groupes armés.
À Goma comme ailleurs dans l’Est, chaque micro tendu, chaque plume levée, peut devenir une cible. Et pour les journalistes, informer devient un acte de courage… parfois payé au prix du sang.
Assumani Mukendi Abdoul