La tragédie de Lomera vire à l’abomination. Ce mercredi matin, les rebelles du M23, qui contrôlent le carré minier de Lomera dans le groupement de Luhihi, territoire de Kabare (Sud-Kivu), ont ordonné la fermeture définitive des puits d’or effondrés, malgré la présence confirmée de centaines de corps de creuseurs artisanaux encore coincés sous terre depuis dimanche.
« Ils ont convoqué une réunion ce matin. Ils ont décidé de sceller tous les puits effondrés. Ils disent qu’ils n’ont pas les moyens de récupérer les corps », témoigne un responsable de la mine, encore sous le choc.
Le drame s’est produit le dimanche 21 juillet, lorsque quinze puits d’extraction artisanale d’or se sont effondrés simultanément sur des centaines de travailleurs. Selon les estimations, chaque puits abritait entre 30 et 50 personnes. Seules sept d’entre elles ont été extraites vivantes dans les premières heures.
« Certains creuseurs ont préféré fuir. Pour le M23, les vies humaines valent moins que les minerais », déplore Augustin K., témoin et ancien creuseur sur le site.
Pendant trois jours, sans appui logistique ni secours de l’État, les familles, les collègues et les survivants ont tenté de fouiller les décombres à mains nues. Cinq corps ont été retrouvés, mais des dizaines d’autres restent ensevelis, privés même du droit à une sépulture.
« Laissez-nous au moins enterrer nos morts ! », supplie une mère venue de Mushweshwe, les larmes aux yeux, son bébé attaché dans le dos.
« Ce ne sont pas des pierres ! Ce sont nos enfants ! » ajoute-t-elle, brisée par le chagrin.
Cette décision du M23, perçue comme un acte de mépris total envers la vie humaine, suscite une profonde indignation dans la région. Elle souligne aussi l’impunité et la brutalité de l’exploitation minière artisanale sous domination armée dans l’Est de la République Démocratique du Congo.
À Lomera, la terre a englouti des vies, et l’histoire semble déjà prête à les enterrer une seconde fois – dans l’oubli.
Assumani Mukendi Abdoul