Enlevé depuis le dimanche 25 mai, le journaliste Jérémie Wakahasha est détenu par les rebelles du M23 dans la ville de Goma. Une vidéo parvenue à la rédaction ce lundi confirme qu’il est en vie. Dans cet enregistrement, il explique avoir été arrêté pour avoir simplement partagé un article rédigé par un confrère.
«Je suis arrêté par le mouvement car j’avais partagé un article publié par un confrère. C’est une erreur. Je ne la referai plus. Soyez calmes, continuez de prier pour moi. Le mouvement évalue encore la possibilité de nous libérer», déclare-t-il, d’un ton posé mais visiblement sous pression.
Depuis plusieurs semaines, la situation sécuritaire et médiatique à l’Est du pays se dégrade à grande vitesse. Entre pressions politiques de Kinshasa et menaces directes du M23, les journalistes de terrain n’ont plus de marge de manœuvre. Ils opèrent dans une zone grise entre silence forcé et propagande imposée.
À Goma comme à Bukavu, l’autocensure est devenue un réflexe de survie. Chaque mot, chaque image, chaque publication est scrutée, reconsidérée, parfois supprimée avant même sa diffusion. Le droit d’informer s’efface derrière une peur quotidienne.
«Être journaliste ici, c’est risquer sa liberté – parfois sa vie – à chaque article, » confie Yvonne Kapinga, journaliste basée à Bukavu»,On ne sait plus qui menace le plus : Kinshasa ou les rebelles. »
Le média en ligne Tazama RDC, basé à Goma et réputé pour sa couverture du conflit au Nord-Kivu, a annoncé le 20 mai 2025 la suspension de toute publication liée à la sécurité.
«Nous savons combien cette décision peut être contraignante pour nos lecteurs, mais c’est une question de sécurité pour notre équipe», indique le communiqué publié sur X (ex-Twitter).
Ce climat d’étouffement soulève une question fondamentale : peut-on encore parler de liberté de la presse en RDC ? Et surtout, jusqu’à quand les journalistes congolais devront-ils choisir entre vérité et survie ?
Alors que la communauté journalistique attend avec angoisse la libération de Jérémie Wakahasha, une seule certitude s’impose : informer en RDC, aujourd’hui, est devenu un acte de courage exceptionnel.