Actualité : «Joseph Kabila : Entre Trahison et Complicité dans l’Agression Rwandaise contre la RDC», réflexion de Jean Aimé Mbiya Bondo Shabanza

Introduction

Joseph Kabila, général militaire et président de la République Démocratique du Congo de 2001 à 2019, a laissé une empreinte indélébile sur l’histoire du pays. Son mandat a été assombri par des rébellions répétées, des agressions par des forces étrangères, et des massacres de populations civiles, soulevant des questions sur sa loyauté envers la nation qui lui a tout donné. Sa récente sortie médiatique, loin de clarifier ses positions, a mis en exergue un héritage empoisonné qu’il a laissé au régime de Félix Tshisekedi, qui lutte pour effacer le spectre de Kabila et de ses supplétifs, toujours présents et actifs dans les dispositifs politiques, administratifs et économiques de la RDC. Beaucoup observent que Kabila a œuvré, depuis longtemps, pour les intérêts du Rwanda et d’autres puissances obscures, au détriment de la souveraineté congolaise. La montée en puissance de différents groupes armés, tels que le M23 et d’autres factions, souligne les conséquences directes de cette politique.

La Stratégie de Contrôle Économique et Politique

Sous Kabila, la corruption et la collusion ont atteint des niveaux alarmants. La famille Kabila est devenue l’une des plus riches de la RDC, exerçant un contrôle significatif sur les ressources émanant de l’exploitation minière, notamment le coltan et l’or, en nouant des alliances stratégiques avec des entreprises multinationales. Cette emprise économique s’est faite au détriment du développement national, alors que le pays était plongé dans une pauvreté chronique. Les intérêts économiques du clan Kabila, soutenus par des sous-traitants pakistanais, indiens et libanais, ont permis la formation d’un réseau d’influence qui pénètre jusqu’à l’administration publique et les services militaires.

Kabila a utilisé ces relations pour renforcer son pouvoir, plaçant des fidèles au sein des institutions étatiques. L’analyste congolais Georges Nzongola-Ntalaja souligne, « le pouvoir politique en RDC est intimement lié aux intérêts économiques, et les alliances formées par les dirigeants nuisent à l’intérêt national » (Nzongola-Ntalaja, 2002). Ce lien malsain entre le pouvoir politique et économique a engendré un système où ceux qui ont juré loyauté à Kabila ont souvent privilégié leurs intérêts personnels sur ceux de la nation.

Cette dynamique a également permis de créer un mythe autour de Joseph Kabila, lui permettant de se présenter comme l’homme providentiel capable d’apporter la paix et la prospérité, alors qu’il n’était que le moteur d’intrigues politiques visant à consolider son pouvoir et à servir des intérêts étrangers. Le professeur de sociologie politique Joseph Mukungilwa affirme : « Kabila a bâti son image de leader autour de la mythologie, se présentant comme le seul rempart contre le chaos, alors qu’il est en réalité un artisan de l’instabilité » (Mukungilwa, 2018).

Les Liaisons Ambiguës avec les Groupes Rebelles

Les relations de Kabila avec divers groupes rebelles, notamment le M23, sont un sujet d’inquiétude majeur. Ces factions, soutenues par des puissances étrangères, ont été en grande partie alimentées par les politiques de Kabila. Sa gestion ambiguë de ces conflits a permis à des éléments radicaux de proliférer, aboutissant à des atrocités inacceptables contre des populations civiles.

La récente entrée en scène de ces groupes a redonné vie à des souvenirs douloureux : les massacres orchestrés par le M23, les atrocités commises contre les Bundu Dia Kongo et les Kamuena Nsapu. Ce climat de violence, exacerbé par l’inaction manifeste de Kabila, a laissé les Congolais désemparés. Les analystes de sécurité s’accordent à dire que « Kabila a non seulement échoué à protéger son peuple, mais a également, par son inaction, permis l’émergence de forces qui nuisent à l’intégrité nationale » (Makanda, 2016).

La capture d’alliés politiques par le M23 illustre encore la complexité des relations entre Kabila et ces groupes. Il est impératif de comprendre que ces alliances ont contribué à créer un héritage qui continue de hanter la RDC. Un rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) indique que « l’implication de Kabila dans le soutien indirect à des groupes armés a gravement compromis la sécurité de la RDC » (SIPRI, 2019).

Les Conséquences de la Trahison et Appels au Changement

Les répercussions des actions de Kabila vont bien au-delà de sa personne. Les violences en cours dans l’Est du pays, exacerbées par son comportement ambigu et ses décisions politiques, ont entraîné le déplacement de millions de Congolais et une crise humanitaire sans précédent. Les voix s’élèvent, dénonçant l’héritage de violence et de trahison qui pèse sur la RDC aujourd’hui. L’écrivain congolais Émile Ilunga souligne que « le silence de Kabila face aux atrocités commises par ses anciens alliés constitue un affront à la mémoire des victimes » (Ilunga, 2015). Ce climat d’impunité et de trahison a alimenté un désir croissant de responsabilité et de réformes profondes dans le pays.

Les changements dans la sphère politique congolaise sont devenus indispensables. Les Congolais exigent des leaders qui ne sont pas seulement là pour servir leurs propres intérêts, mais qui œuvrent véritablement pour le bien-être de la nation. Le Dr Thomas S. Mbuyi exhorte à une bonne gouvernance, affirmant que « la véritable mesure d’un leader est son dévouement envers son peuple, et non l’accumulation de richesse ou de pouvoir » (Mbuyi, 2017). La revendication d’une politique où la transparence et la responsabilité sont primordiales est désormais une nécessité pressante pour l’avenir du pays.

Conclusion

La question de la loyauté de Joseph Kabila envers la République Démocratique du Congo et son peuple demeure ouverte et continuera d’influencer le paysage politique du pays. Alors que le régime Tshisekedi tente de se distancier de son héritage, le fait est que les suites de l’agression rwandaise, des rébellions et des massacres sont des souvenirs douloureux étroitement liés à un régime dont les choix trahissent la confiance du peuple. La récente prise de parole de Kabila, loin de rassurer, a mis en lumière un système profondément enraciné d’impunité et de trahison. Le peuple congolais aspire à une nouvelle ère de gouvernance, où la loyauté envers la nation prime sur les intérêts personnels et où la trahison, sous toutes ses formes, n’a plus sa place.

Références

  • Dubresson, A. (2010). Corruption et Démocratie en Afrique. Éditions L’Harmattan.
  • Ilunga, É. (2015). Mémoire des Victimes : Les Réalités de la Guerre au Congo. Éditions Karthala.
  • Kambale, A. (2014). La Politique Congolaise et les Groupes Armés. Éditions Harmattan.
  • Makanda, R. M. (2016). Sécurité et Instabilité en Afrique Centrale. Université de Kinshasa.
  • Mbuyi, T. S. (2017). Le Leadership et la Souveraineté Nationale en RDC. Éditions CREF.
  • Mukungilwa, J. (2018). La Mythologie du Leader : Un Analyse Critique du Pouvoir à l’ère Kabila. Éditions Pamoja.
  • Nzongola-Ntalaja, G. (2002). The Congo: From Leopold to Kabila: A People’s History. Zed Books.
  • SIPRI. (2019). Monitoring the Conflict in the Democratic Republic of the Congo. Stockholm International Peace Research Institute.

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