Une enquête de l’agence Bloomberg affirme que des millions de dollars prévus pour la délivrance de cartes d’identité en République Démocratique du Congo ont été détournés au profit de quelques officiels congolais.
Des documents confidentiels obtenus par Bloomberg et Lighthouse Reports révèlent que le contrat inclut le coût des kits d’enregistrement biométrique, des centres d’inscription et de la production initiale de cartes d’identité.
Le coût proposé du projet a atteint 1,2 milliard de dollars, soit plus de trois fois l’estimation initiale. La Banque mondiale a refusé de contribuer au projet en raison de l’absence de procédure d’appel d’offres, écrit Bloomberg Africa.
Une enquête qui vient confirmer le travail de l’inspection générale des finances IGF, qui avait d’ailleurs interrompit la poursuite de prestation de la société AFRITECH/IDEMIA, partenaire de l’Office national de l’identification de la population (ONIP) chargée de la production de la carte d’identité nationale.
Révélations de l’ Inspection Générale des Finances IGF :
Dans une note d’observation adressée au ministère de l’Intérieur et consultée mercredi 12 juin par Mpifo-infos.net, l’IGF décèle un certain nombre d’irrégularités dans le contrat ONIP – AFRITECH/IDEMIA.
Le montant global pour financer le projet de production de la carte d’identité congolaise s’élève à 697 millions de dollars : 104 millions provenant de l’Etat congolais et 593 millions, comme apport du groupe AFRITECH/IDEMIA.
L’Etat congolais a déjà décaissé 20 millions de dollars. Cette somme est cependant bloquée par l’IGF, pour cause d’irrégularités décelées.
D’après l’IGF, ce groupe ne dispose pas de ces 593 millions. Ainsi, il est convenu dans le contrat que l’Etat congolais doit fournir une garantie pour permettre à la société AFRITECH/IDEMIA de lever des fonds auprès des banques commerciales.
Cette garantie, portant sur la séquestration des avoirs de la Banque centrale du Congo (BCC) par la banque prêteuse, constitue pratique illégale, selon l’Inspection générale des finances.
Le projet a prévu 444 millions USD pour la construction des infrastructures immobilières pour le projet. Il s’agit d’une surfacturation, réfute l’IGF.
Une autre irrégularité porte le partage des revenus de ce contrat de production des cartes d’identité nationale, estimés à 2 milliards en 20 ans. Selon les termes du contrat, AFRITECH doit toucher 60% de cette manne contre 20% seulement pour la partie congolaise. Les 20% restants sont destinés au remboursement de la dette ayant couvert la garantie.
Opération que l’IGF qualifie de nulle et dont la durée ne se justifie point.
Dans cette note d’observation, l’Inspection générale des finances signale qu’après échange avec la firme française IDEMIA, celle-ci ne reconnaît point un quelconque contrat de production de carte avec la RDC.
Cependant, AFRITECH n’est que son client qui compte s’approvisionner auprès d’elle en équipements.
A ce sujet, l’IGF avait dénoncé une usurpation de dénomination. Autrement dit, le groupe AFRITECH/IDEMIA n’existe pas.
Fort de toutes ces irrégularités, l’Inspection générale des finances recommande au ministère de l’Intérieur d’exiger des réponses de la part de AFRITECH/IDEMIA, partenaire de l’ONIP, avant toute reprise de prestation pour produire la carte d’identité nationale.
Pour rappel, l’opération est le fruit d’un contrat de l’État avec la société privée Afritech de l’homme d’affaires malien Samba Bathily.
Mais ces révélations posent question sur l’attribution de ce marché du recensement et de délivrance des cartes nationales d’identité à cet homme d’affaires. D’autant plus que celui-ci est déjà impliqué dans un autre scandale : celui de la surfacturation de forages d’eau et de lampadaires.
Le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, a reçu, vendredi 30 juin 2023 à Kinshasa, le premier modèle de la nouvelle carte d’identité nationale délivrée par l’Office national pour l’identification de la population. Depuis lors, seuls quelques Congolais, en majorité des officiels, ont pu obtenir ce document.
Qu’est-ce qu’une carte d’identité:
La carte d’identité est un document essentiel pour prouver son identité et sa nationalité dans une variété de situations officielles et quotidiennes.
Elle est émise par le gouvernement et contient des informations personnelles importantes sur son titulaire.
La carte d’identité est parfois requise pour des transactions telles que l’ouverture d’un compte bancaire, la réservation de billets de voyage, l’accès à des services publics, et bien d’autres. Elle est donc une pièce indispensable pour l’épanouissement d’un citoyen dans son pays.
Sauf qu’en République démocratique du Congo (RDC), les populations n’ont pas eu droit à ce précieux sésame pendant près de 40 ans.
Pendant près de quatre décennies, les populations congolaises sont identifiées soit par leur carte d’électeur, leur permis de conduire, leur carte professionnelle ou encore une carte scolaire ou académique pour les élèves et étudiants.