Les États-Unis et la République démocratique du Congo (RDC) ont officiellement signé ce jeudi un « Accord de partenariat stratégique » qui redéfinit en profondeur la relation bilatérale entre les deux pays. Présenté comme un tournant majeur pour la sécurisation des chaînes d’approvisionnement mondiales en minerais critiques, le texte érige la RDC au rang de partenaire stratégique de Washington dans un secteur devenu hautement géopolitique.
Au cœur de l’accord se trouve la création d’une Réserve d’actifs stratégiques (SAR), un mécanisme inédit qui accorde aux investisseurs américains un droit de première offre sur plusieurs gisements considérés comme critiques : cobalt, cuivre, or et autres métaux essentiels aux technologies de pointe et aux industries de la transition énergétique.
Pour attirer les capitaux américains, Kinshasa consent à un ensemble d’avantages incitatifs :
stabilisation fiscale de dix ans, renouvelable,
remboursement accéléré de la TVA sous 90 jours,
mise en place d’un guichet unique dédié aux investissements stratégiques.
Un dispositif qui vise, selon le gouvernement congolais, à « sécuriser et accélérer » les investissements dans un secteur au centre de la compétition internationale.
En contrepartie, Washington promet de mobiliser des financements publics et privés d’envergure pour soutenir les projets prioritaires de Kinshasa. L’accord cite notamment :
la réalisation du corridor ferroviaire Sakania–Lobito, avec des objectifs concrets d’acheminement :
50 % du cuivre, 90 % du zinc et 30 % du cobalt d’État via cette infrastructure ;
le soutien au méga-projet hydroélectrique du Grand Inga ;
l’appui à l’industrialisation locale, notamment dans le raffinage et la transformation des minerais.
Cette orientation marque un changement notable dans la politique américaine, traditionnellement focalisée sur l’amont minier plutôt que sur le développement industriel des pays producteurs.
Le texte signé inclut également un volet important de coopération sécuritaire et institutionnelle. Les États-Unis s’engagent à renforcer les capacités congolaises dans :
la gouvernance minière,
la formalisation de l’exploitation artisanale,
la lutte contre les réseaux de trafic illicite,
la sécurisation des zones productrices.
Washington reconnaît explicitement le rôle « pivotal » de la RDC dans la stabilité des chaînes d’approvisionnement mondiales en minerais stratégiques, un signal politique fort dans un contexte marqué par la dépendance vis-à-vis des secteurs dominés par la Chine.
Pour Kinshasa, cet accord est présenté comme un instrument de réindustrialisation souveraine, susceptible d’ancrer davantage de valeur ajoutée dans le pays. Le gouvernement y voit une façon de transformer le rôle de la RDC, longtemps cantonné à l’exportation brute de ressources.
Pour Washington, l’initiative répond à une préoccupation stratégique : réduire la dépendance américaine aux chaînes d’approvisionnement contrôlées par Pékin, notamment dans les secteurs des batteries, des énergies renouvelables et de l’électronique avancée.
Avec ce partenariat, les deux capitales entendent inscrire leur coopération dans le long terme, au moment où les minerais critiques s’imposent comme l’un des piliers majeurs de la géopolitique mondiale.
