Question de la paix en RDC : Jean- Aimé Mbiya bondo lance un appel ferme à la Communauté Internationale

La République Démocratique du Congo (RDC) est à la croisée des chemins, confrontée à des défis d’une ampleur sans précédent, exacerbés par des ingérences extérieures et des conflits prolongés. Les enjeux de sécurité et de stabilité en RDC doivent être au cœur des préoccupations de la communauté internationale. Cependant, il est troublant de constater une ambiguïté, voire une hypocrisie, dans le soutien international, illustrée par la présence du Rwanda parmi les donateurs de la MONUSCO. Il est impératif que le monde prenne conscience de la gravité de la situation et mobilise ses efforts pour la paix.

Un Conflit aux Racines Complexes

Le conflit en RDC n’est pas un événement isolé, mais un phénomène historique complexe qui trouve ses racines dans des décennies d’exploitation des ressources naturelles et de violences répétées. Les luttes pour le contrôle des vastes richesses du pays, telles que l’or, le coltan et les diamants, ont alimenté des guerres civiles, des rébellions armées et des violences interethniques. L’instabilité a été exacerbée par la colonisation belge, qui a laissé des cicatrices profondes dans le tissu social congolais. Selon le rapport « Congo: An Exploited State » publié par Global Witness, environ 5,4 millions de Congolais ont perdu la vie depuis le début des guerres, des pertes humaines dramatiques qui révèlent l’ampleur de la tragédie humaine.

Cette tragédie humaine ne se résume pas seulement à des chiffres, mais inclut des histoires de souffrance, de perte et de désespoir. Des familles ont été décimées, des communautés entières ont été déplacées et des générations ont grandi dans la peur, perdant tout espoir d’une vie meilleure. Les femmes et les enfants sont particulièrement vulnérables, souvent victimes de violences sexuelles et de sévices en temps de guerre. Les conflits ont non seulement dévasté des vies, mais ont également sapé les fondations mêmes de la société congolaise, rendant la réconciliation d’autant plus difficile.

Pour véritablement aborder la question de la paix, il est crucial d’adopter une approche holistique qui traite les causes profondes des conflits. La communauté internationale a un rôle à jouer pour restaurer la justice et la dignité. Comme l’affirme l’ex-président sud-africain Thabo Mbeki : « La paix ne se construit pas sur la charité, mais sur la justice. » Cet engagement pour la justice doit être au cœur des efforts internationaux en RDC.

Le Rôle Ambigu du Rwanda

Le Rwanda a joué un rôle controversé dans le conflit congolais, où son engagement militaire et son influence politique ont souvent été perçus comme des éléments déstabilisateurs. Les rapports d’organisations telles que Human Rights Watch et le Groupe d’experts des Nations Unies montrent comment Kigali a soutenu certains groupes armés en RDC tout en s’appropriant des ressources naturelles au détriment du peuple congolais. Cette dynamique crée un paradoxe moral et stratégique pour la communauté internationale.

Il est particulièrement préoccupant que le Rwanda, qui a été impliqué dans des activités qui exacerbent l’instabilité en RDC, soit également un contributeur à la MONUSCO, une mission sensée promouvoir la paix. Cela soulève des questions fondamentales sur l’intégrité et les motivations des bailleurs de fonds internationaux. Les pays qui financent la paix doivent être honnêtes dans leurs intentions et veiller à ce que leurs actions ne contribuent pas à nourrir le conflit.

L’ambivalence dans le soutien international est non seulement dangereuse pour la RDC, mais envoie également un message clair aux acteurs régionaux que les ingérences peuvent se poursuivre sans conséquence. Ici, la sagesse traditionnelle africaine trouve un écho : « Qui finance, commande. » Les pays donateurs doivent non seulement poser des questions difficiles à leurs partenaires, mais ils doivent aussi repenser leurs motivations et leurs stratégies en matière de soutien à la paix.

Un Appel à l’Action

Il est crucial d’exiger une reformulation des priorités de la communauté internationale pour répondre aux besoins urgents et réels du peuple congolais. La RDC mérite un soutien qui favorise la paix et la stabilité, sans ingérence. Une véritable synergie pour la paix exige plusieurs mesures clés :

  1. Un Engagement Sincère : Les pays donateurs doivent faire preuve de transparence et de responsabilité en évaluant leurs partenariats. Il est essentiel d’initier des discussions ouvertes sur les impacts de ces contributions sur la situation sur le terrain. Les Congolais doivent être au centre de ces dialogues pour garantir que leurs voix sont entendues. Cela rappelle le célèbre adage congolais : « Celui qui pense que la paix vient de l’extérieur est un aveugle. »
  2. Une Priorité à la Paix Durable : La communauté internationale doit placer la paix et le développement durable au cœur de son engagement en RDC. Cela signifie qu’au lieu de se concentrer uniquement sur des interventions militaires, il est essentiel de soutenir des initiatives qui favorisent le dialogue, la réconciliation et la reconstruction. Les efforts doivent aller au-delà de la simple gestion des crises pour aborder les causes systémiques de conflit, en intégrant les voix des femmes et des jeunes qui sont souvent les plus touchés par la violence.
  3. Un Soutien aux Initiatives Locales : La communauté internationale doit se concentrer sur le soutien des initiatives locales de paix basées sur la réconciliation et le dialogue. Les Congolais sont les principaux acteurs de leur avenir et doivent être impliqués dans les processus décisionnels. En soutenant des initiatives qui favorisent le dialogue intercommunautaire et la réconciliation, la communauté internationale garantit que ses investissements contribuent réellement à la paix durable.
    Conclusion

La RDC ne peut se permettre de céder un centimètre de son territoire à quiconque. La souveraineté et l’intégrité de la nation doivent être respectées par tous les acteurs, y compris ceux participant au programme de la MONUSCO. Un appel pressant est donc lancé à la communauté internationale : il est temps de cesser de jouer à l’hypocrisie ! La paix est impérative, et il est temps d’agir avec intégrité pour bâtir un futur durable en République Démocratique du Congo.

Les mots puissants de Thomas Sankara résonnent encore : « La lutte continue. » Il est temps pour tous les Congolais, avec le soutien de la communauté internationale, de se mobiliser pour un avenir pacifique et prospère. Le peuple congolais mérite une paix authentique, construite sur la justice, le dialogue et le respect de ses droits. Les espoirs sont grands, et la communauté internationale a la responsabilité de participer activement à cette noble cause.

Les plus consultés