La procédure engagée contre le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, prend une tournure controversée. Alors qu’une commission spéciale et temporaire examine depuis vendredi la validité de la pétition déposée par certains députés, de graves irrégularités viennent d’être mises au jour, remettant en cause la crédibilité de l’initiative.
Selon des sources proches de la commission, plusieurs anomalies ont été constatées dans la liste des signataires. Parmi les cas les plus flagrants figure la présence d’un signataire non-député, en l’occurrence Mulumba Kanyinda, dont le nom n’apparaît pas sur le fichier officiel des élus nationaux. Autre irrégularité relevée : le nom de Titan Kalonji Antoine a été inscrit, mais sans signature effective, ce qui soulève de sérieuses interrogations sur l’authenticité de la démarche.
Plus troublant encore, le député Jerry Mulamba Mande a vu sa signature apparaître à deux reprises, sous des orthographes légèrement différentes, respectivement à la page 9 (n°192) et à la page 18 (n°261) du document. Cette duplication volontaire ou accidentelle contribue à renforcer les soupçons de manipulation.
Par ailleurs, la commission a révélé qu’après recoupement avec les fiches d’identification signées par chaque député en début de législature, au moins 25 signatures se sont révélées fausses. Une situation qualifiée de « scandaleuse » par certains élus, qui estiment que ces irrégularités pourraient purement et simplement invalider la pétition.
Ces révélations surviennent alors que les initiateurs de la pétition avaient déjà été entendus par la commission. Le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, lui-même auditionné vendredi après-midi, a plaidé pour le respect strict des procédures et dénoncé ce qu’il qualifie d’« entreprise de déstabilisation ».
La suite de la procédure s’annonce donc déterminante. La commission devra trancher sur la recevabilité ou non de la pétition, au regard de ces anomalies qui fragilisent son assise légale et politique. En toile de fond, c’est l’avenir du bureau de l’Assemblée nationale qui se joue, mais aussi la crédibilité des pratiques parlementaires en République démocratique du Congo.