RDC : «Les dangers d’un gouvernement d’union nationale : Une analyse critique de l’approche de Fatshi», Jean Aimé Mbiya Bondo Shabanza, coordonnateur de la Coalition des nationalistes «Ne jamais trahir la RDC»

Dans le contexte politique actuel de la République Démocratique du Congo, l’annonce de l’éventuelle formation d’un gouvernement d’union nationale par le Président Félix Tshisekedi, dit Fatshi, soulève des interrogations et des inquiétudes. Cette initiative, qui pourrait être perçue comme une tentative d’apaisement politique, semble plutôt s’apparenter à un piège tendu par une classe politique souvent décrite comme peu scrupuleuse et centrée sur ses propres intérêts. Ce dilemme, au-delà des mots, met en lumière les réalités complexes d’un pays qui a longtemps souffert de dirigeants plus préoccupés par leur propre avancement que par le bien-être de la population.

La tentation de l’union nationale : un piège dangereux

L’union nationale, en théorie, devrait favoriser la réconciliation et l’inclusion de toutes les forces vives de la nation. Cependant, la réalité congolaise a montré que cette initiative se transforme souvent en un rassemblement disparate de politiciens issus de factions variées, sans réelle vision commune. Ce « gouvernement de tous » n’est qu’un amalgame de chefs de partis dont les promesses sont éclipsées par les intérêts personnels et ambitionnistes. Au lieu d’une réelle collaboration, il est à craindre que ces politiciens ne voient cette union que comme une opportunité de s’enrichir, à l’image de nombreux cas précédents où le pouvoir a été un prétexte pour le pillage des ressources publiques.

L’expérience passée montre que des rassemblements de ce type ont souvent conduit à des gouvernements de compromis, où les décisions sont paralysées et où l’absence de leadership fort crée un vide politique problématique. Il ne s’agit pas seulement d’un manque d’efficacité : c’est la déresponsabilisation de leaders issus de partis traditionnels, qui, loin de servir les intérêts de leurs électeurs, s’attachent davantage à l’individualisme. Fatshi court le risque de créer un cabinet inefficace, où les préoccupations de carrière politique l’emportent sur une action gouvernementale réaliste et bénéfique pour la population.

Ces personnalités politiques ne manquent pas d’opportunités pour trahir leurs engagements, comme le montre l’histoire chaotique des alliances précoces. Les promesses de changement se diluent dans le retour de vieilles pratiques politiques où l’intérêt personnel prime sur le collectif et où le clientélisme remplace les politiques publiques basées sur des données tangibles et des résultats probants. Ce qui s’annonçait comme une solution à l’instabilité risque de ne devenir qu’un autre épisode du cycle de trahisons, de partage des prébendes et de frustrations populaires.

L’UDPS en spectatrice

L’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), le parti au pouvoir, paraît aujourd’hui d’une naïveté déconcertante. Alors qu’elle devrait occuper le devant de la scène politique avec clarté et détermination, elle semble plutôt observer le jeu politique comme une simple spectatrice. Cette position est non seulement dangereuse, mais elle envoie un message désastreux à la population qui s’est tournée vers ce parti espérant une réelle transformation et une gouvernance efficace.

L’UDPS risque ainsi de devenir, comme certains de ses prédécesseurs, un tableau de la faillite politique, laissant le champ libre à des politiciens opportunistes dont l’unique but est de préserver leurs privilèges. Par son inertie, le parti laisse le soin aux mêmes figures qui luttaient contre lui d’acquérir une légitimité, faisant ainsi pencher la balance du pouvoir vers des anciens adversaires qui n’ont pas nécessairement l’intérêt du peuple au cœur de leurs préoccupations politiques. En fin de compte, ce sont les membres de l’UDPS qui porteront le poids de l’échec collectif d’un gouvernement dont les politiques manqueront de l’impact escompté.

La responsabilité de l’UDPS devrait être d’affirmer une vision claire et proactive pour le développement du pays, d’initier des réformes structurelles et de provoquer un changement radical dans le paysage gouvernemental. Cependant, sa position passive, en se tenant à l’écart des réels enjeux politiques, peut considérablement diminuer ses chances de se présenter comme un acteur crédible lors des futures élections. Si le parti ne change pas de cap, il sera en définitive complice d’un système qui ne répond plus aux attentes légitimes d’une population qui demande des comptes.

Un appel à un gouvernement de crise

Face aux enjeux cruciaux que le pays est aujourd’hui contraint de gérer — crise économique aiguë, insécurité persistante dans plusieurs régions, tensions sociales croissantes — il serait hasardeux d’envisager une nouvelle alliance politique mal digérée. Au contraire, un appel pressant doit être lancé pour un gouvernement de crise, formé de technocrates, d’experts et de visionnaires, capables d’énoncer une réponse stratégique adéquate aux défis de la nation. Les Congolais ne demandent pas simplement un changement de physique gouvernemental ; ils désirent des compétences avérées et des citoyens engagés à faire progresser la nation.

Un cabinet d’experts serait non seulement une stratégie efficace, mais également un acte audacieux qui positionnerait le pays sur la voie du redressement. Une telle approche pourrait ainsi établir de nouvelles dynamiques et favoriser la création d’un élan collectif qui viendrait revitaliser la confiance des Congolais envers leurs institutions. Au lieu de négocier des compromis avec des politiciens en quête de leur propre intérêt, la diversité des compétences dans la gouvernance pourrait prouver qu’une démocratie forte s’appuie non pas sur des alliances fragiles, mais sur des équipes capables d’agir pour le bien-être commun.

Sur le plan psychologique, instituer un gouvernement composé d’individus engagés servirait également à restaurer l’espoir au sein de la population, longtemps désillusionnée par les promesses non tenues et les résultats insignifiants. Une dynamique positive pourrait ainsi engendrer une nouvelle volonté commune, redonnant confiance et motivation aux citoyens pour se rassembler autour de projets communs et d’initiatives qui bénéficieront à tous. Le soutien populaire, tant en période d’instabilité que dans les temps d’émancipation, repose toutefois sur la transparence et la responsabilité des gouvernants.

Le véritable enjeu est donc de découvrir des solutions qui s’inscrivent dans le cadre d’une démarche collective, loin de la division et de la défiance qui caractérisent souvent l’arène politique congolaise. Les défis du pays exigent une direction forte et éclairée, capable de tracer un chemin nouveau et pragmatique. Cela nécessite finalement une prise de conscience partagée entre les politiciens, la société civile et la population, jusqu’à ce que des politiques publiques répondant aux véritables besoins des Congolais prennent forme.

Conclusion

La politique en République Démocratique du Congo s’avère être un terrain complexe, semé d’embûches où calculs égoïstes et opportunisme prévalent malheureusement dans de nombreuses strates du pouvoir. Les promesses d’un avenir prospère pour le pays et sa population devraient être replacées au cœur des priorités, loin des discours d’union nationale qui n’ont de sens que s’ils sont soutenus par une vision et des actions concrètes.

Il incombe donc à Fatshi et à l’UDPS de repenser leurs stratégies et d’affirmer sans équivoque leur engagement pour une gouvernance intégrative, réelle et profondément ancrée dans les aspirations d’un peuple en quête de changement. La RDC ne peut plus se permettre de jouer à la politique traditionnelle — il est temps d’investir dans un futur qui prenne en considération la dignité et les droits des Congolais, en rejetant toute forme de trahison, au profit d’une véritable démocratie et d’un développement durable. Les enjeux sont immenses et le temps presse ; il est impératif d’agir avec détermination et courage pour l’avenir de la nation.

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